Tant
qu'il vivait à Senven-Léhart, Claude Fol a sans aucun
doute franchi le porche de la chapelle Saint-Tudual.
À
droite, la pierre contre laquelle les femmes qui ne pouvaient avoir
d'enfant venaient se frotter le ventre.
Claude
Fol, le fils de Jacques et de Jeanne Thomas, le frère de
Bertrand, a maintenant trente-deux ans. Depuis sa naissance en 1744,
aucune trace de lui à Senven-Léhart : son
nom n’est
pas cité lors de la sépulture de son père ;
il
n’est le parrain d’aucun de ses neveux et
nièces. Lui, le
benjamin, ne serait-il pas allé chercher fortune ailleurs ?
En
effet, ce n’est ni à Senven-Léhart ni dans
les paroisses
limitrophes qu’il prend femme. Il a traversé
Saint-Gildas et Le
Leslay. L’heureuse élue est Françoise Le
Provost, une
belle brunette de dix-sept ans ; elle est du Foeil, tout près
de
Quintin. Elle n'a plus que son père, Jean Le Provost. Sa
mère, Perotte Le Gal, est décédée
voilà presque quatre ans. Guillaume, le frère jumeau
de
Françoise, et sa petite sœur Mathurine sont
décédés à une semaine d'intervalle
en
octobre 1775.
Claude est un étranger parmi les
habitants du
Foeil, paroisse gallo. Mais Jean Le Provost est lui aussi un «
immigré » : il est arrivé voici quelques
années de Saint-Gildas du Channeau où il est
né en
1734. Il aime s'entretenir en breton avec Claude, même si
leurs
deux dialectes diffèrent légèrement.
À la
Noël, il a fait savoir à sa fille qu’il
accepte comme
gendre ce garçon dont il apprécie la
débrouillardise. C’est décidé, ils
vont se marier
avant le carême. (Les mariages n’étaient
célébrés ni pendant l’avent - les
quatre semaines
avant Noël - ni pendant le carême - les quarante
jours avant
Pâques.)
Le mercredi 5 février
1777 au Foeil, une
semaine exactement avant le Mercredi des Cendres, Claude Fol
épouse Françoise. Le recteur du Foeil, qui
n’a
guère l’occasion d’écrire le nom
de paroisses aussi
« éloignées », hésite sur
l’orthographe et note finalement dans son registre : Claude
Fol originaire de Saint nivenne. L’acte
mentionne les noms des personnes présentes : Jean
Hillion, Guillaume Jouno, Jacques Colet, tisserand, et Écuyer
Jan Robichon, maréchal. Tous sont du Foeil, aucun
n'est de la famille de Claude.
Les
quatre enfants de Claude Fol et Françoise Le Provost voient le
jour au village de L’Hôtel-Neuf en Le Foeil : Jean
Pierre le
jeudi 4 décembre 1777. Jean Le Provost, son
grand-père
maternel est son parrain. Mais l'enfant meurt le samedi 2 mai 1778.
Jean
Louis - dont nous descendons - naît le vendredi 5 mars 1779.
«
Le
cinquième jour du mois de mars de l'an 1779 a
été
par le soussignant baptisé sur les saints fonds de
baptême
de l'église de céans, jan louis né de ce
jour
à l'hotel neuf, fils de claude fole et de françoise
le
provost son épouse. ont été parain
écuyer
guillaume robichon et maraine louise michel de launay qui ont
déclaré ne savoir signer de ce interpellé
suivant
l'ordonnance.
J. Cosson, curé
»
Un
troisième enfant naît le 26 juillet 1780, jour de la
Sainte Anne : c'est une fille, on l'appelle Anne Françoise.
Claude Mathurin arrive le mardi 13 novembre 1781 mais il ne verra pas
ses deux ans : il meurt le 5 mars 1783. Sa mère ne lui survit
guère puisqu’elle meurt à son tour le 14
juin 1783. Elle
n’a que vingt-trois ans. Claude, qui en a trente-neuf, reste
seul avec
deux jeunes enfants : l’un de quatre ans,
l’autre de trois ans.
Il
se remarie le mardi 18 janvier 1785 à Plaine-Haute avec Marie
Morvan, fille d'Yves Morvan et de Claude Godefroy. Elle est son
aînée de trois ans. L'année suivante, le 9
février 1786, on retrouve le nom de Claude Fol dans le
registre
des baptêmes de Plaine-Haute : ce jour-là, il est le
parrain de Claude Anne Morvan. Mais du second mariage de Claude Fol ne
naîtra aucun enfant.
Jean-Luc Madoré - 9 rue
Abbé Guinard - F 22950 TRÉGUEUX - Tél : 00
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