Yves
Le Fol, né le 15 avril 1890 à Le Foeil
(Côtes-d'Armor) était le plus jeune des huit enfants
de Jean Louis Le Fol et Marie Louise L'Hotellier.
La mémoire familiale avait seulement retenu de lui qu’il était mort en Allemagne en 14-18. Son nom figure d’ailleurs au Monument aux Morts de Saint-Donan (Côtes-d'Armor).
Les recherches que nous avons conduites à la mairie de Saint-Donan, au Ministère de la Défense, aux Archives Départementales des Côtes-d’Armor, au Service Historique de l’Armée de Terre à Vincennes, dans diverses administrations de la ville allemande de Darmstadt et dans sa région, sur internet... nous ont permis d’en savoir un peu plus et, en quelque sorte, de le faire revivre.
Yves Marie Le Fol avait 19 ans au décès de son père en 1909. Il habitait Launay en Saint-Donan avec sa mère et sa soeur Joséphine, célibataire. Son frère Joseph y habitait aussi avec Anne-Marie Domalain, son épouse, et leurs trois premiers enfants.
Yves Le Fol était grand : il mesurait 1,90 m sous la toise du Conseil de Révision de Saint-Brieuc Midi qui le réforma en 1911 pour problème cardiaque. Le 3 août 1914, la guerre éclata. Le 16 septembre, Yves Marie Le Fol fut déclaré apte et incorporé le 25 février 1915 au 154e RI. Il passa au 155e RI le 12 juin suivant. Au cours des violents combats, le 30 juin 1915, il disparut comme 239 autres soldats de son régiment au Bois de la Gruerie, au nord de Sainte-Ménéhould. (Voir cartes et photos)
Sa famille le crut sans doute mort mais, en réalité, il avait été fait prisonnier et fut transféré au camp de prisonniers de guerre Darmstadt près de Francfort en Allemagne. C'est là que, loin des siens, il mourut d’une méningite le 30 juin 1917.
Le 16 janvier 1918, un secours de 150 Francs fut versé à sa mère mais son décès ne fut transcrit que le 12 septembre 1921 à la mairie de Saint-Donan.
Après la guerre, sa dépouille fut ramenée en France et inhumée à la Nécropole Nationale de Sarrebourg en Moselle (tombe numéro 976). Nous sommes allés nous recueillir sur sa tombe le 10 août 2003 et y déposer les fleurs du souvenir.
Le 30 septembre 2004, nos pas nous ont conduits jusque Griesheim près de Darmstadt en Allemagne. C’est dans le camp de prisonniers de guerre situé à la périphérie de cette ville que mourut Yves Le Fol. Il fut alors inhumé dans le carré français du cimetière de Waldfriedhof que nous avons visité avec émotion.
Extraits du Journal de Marche du 155e
Régiment d'Infanterie
(Archives
SHAT - Service Historique de l'Armée de Terre - à
Vincennes. Cote 26 N 699 consultée le 19 septembre 2003)
12
juin 1915 : Le 154e RI relève le 155e en première
lignes
: Vienne-la-Ville, Pavillon Martin, Vienne-le-Château.
20
juin 1915 : Violent bombardement ennemi sur Vienne-le-Château,
engagement du régiment.
21 juin 1915 : 18
tués, 53 blessés, 2 disparus
22
juin 1915 : 1 tué, 4 blessés
23
juin 1915 : 2 blessés
24 juin 1915 : 2
blessés
25 juin 1915 : Pertes :
néant
26 juin 1915 : Contre-attaques
françaises à 6 h.
Pertes : 8 tués,
77 blessés, 4 disparus
28 juin 1915 :
Pertes : néant.
30
juin 1915 Les tranchées avaient été remises
en
état dans la journée du 29 mais les hommes
étaient
très fatigués n'ayant pas pu dormir dans la nuit du
29 au
30.
Le 30 juin à 4 h commencent les
bombardements d'une
violence extraordinaire sur tout le front du secteur qui durent 4 h. Un
à un tous les blockhaus de mitrailleuse furent
écrasés et les boyaux comblés.
A
7 heures,
toute communication entre les éléments était
rendu
impossible ; les derniers comptes-rendus arrivèrent à
cette heure-là et permirent au chef de bataillon de juger la
situation ainsi : pour renforcer la 1ère ligne très
éprouvée (…) il avait fallu faire appel aux
réserves et il ne restait à la disposition du
commandant
de Chateaubriand que 2 sections de la 2e Cie dans la ligne 1N bis et 1
section de la 4e Cie dans les abris. Les deux lignes 1 et 2N bis
étaient absolument bouleversées. Le bombardement
redoubla
d'intensité et s'arrêta à 8 h suivi
immédiatement de l'attaque d'infanterie. Les renforts
demandés à 7 heures n'arrivèrent
qu'à ce
moment (5e Cie du 154e) mais la ligne 1 étant forcée
par
la gauche (Cie de dragons) et les Allemands
pénétrèrent par ce côté
dans la 1N
bis. La 5e Cie du 154e RI reçut alors l'ordre d'occuper le
boyau
1 et de se mettre par la droite en liaison avec le 8e peloton de
chasseurs.
En résumé à 8
h 45 le 1er
bataillon est réduit à une section sous les ordres du
sous-lieutenant Vêtu et à quelques isolés
des
1ère, 2e et 3e Compagnies, en tout 80 hommes
installés
dans le boyau 1 à la droite de la 5e Cie du 154e (Capitaine
Lhuillier) et à la gauche d'éléments du 8e
bataillon de chasseurs.
A cette heure à peu
près, le
colonel Servagnat commandant le 155 RI se trouvait au poste de
commandement de Beaumanoir afin de reconnaître le secteur que
devait occuper le lendemain tout le régiment ; au cours de la
reconnaissance... le lieutenant colonel Servagnat fut atteint
mortellement par un obus qui blessa en même temps le colonel
Cottez commandant la 79e brigade, le colonel Escalon commandant la 83e
brigade, le capitaine Fiere… et la capitaine Mercier adjoint
au
lieutenant colonel, commandant le 155 RI.
Le 2e bataillon (Durieu) alerté à 5 heures à Vienne-la-Ville, quittait ce cantonnement à 7h pour la Harazée avec ordre de se mettre à la disposition du général commandant la 42e D. A l'entrée de Vienne-le-Château, l'ordre lui parvient de se mettre à la disposition du colonel commandant la 84e brigade (colonel Diebold) et se joindre en suivant le ravin de la Houyette. A peine arrivé sur le Routinage, arrive l'ordre suivant : Contre attaque sur la jonction de C et F en liaison avec le colonel Diebold à l'est et avec les compagnies du colonel Ferradini (251e brigade) à l'ouest. Poussez l'attaque à fond avec le plus grand esprit de sacrifice. Le bataillon progresse dans le ravin de la Houyette jusqu'à Beaumanoir ; là, il est aiguillé plus à l'ouest par le commandant Poirel du 16e bataillon de chasseurs et avec ce bataillon prend comme objectif le chemin Bagatelle à Servon qui ne peut être dépassé malgré plusieurs tentatives. Au soir le 2e bataillon du 155e, conjointement avec le 16e bataillon de chasseurs se retranche sur place réalisant le dispositif suivant : 3 compagnies et demie en première ligne et une demi compagnie en réserve.
Quand au bataillon Laflotte alerté à 5 heures, il recevait à 6 h 30 l'ordre suivant : Ordre au bataillon Laflotte d'occuper à la citadelle son ancienne position avec les deux compagnies de Noiremont. Les deux compagnies qui se trouvent à 188 y resteront. Le bataillon est à la disposition du général commandant la 40e DI. L'ennemi paraît attaquer violemment le secteur de Vienne-le-Château. Signé Leconte.
En arrivant à la
cote 188, le
commandant Laflotte trouve deux de ses compagnies (9e et 12e) qui
occupaient l'ouvrage Pouillon (ou Pavillon ?). Il reçut des
ordres successifs dont le résultat fut de mettre deux fois les
quatre compagnies à la disposition du colonel Hoff commandant
le
55e RI. Deux compagnies (10e et 11e) furent placées sous les
ordres des commandant Felici (du 55e) commandant le secteur C, une
compagnie (9e) à la disposition du Commandant Guiol du 55e en
liaison par la droite avec le 150e RI (bataillon Maignan) et une
compagnie (12e) sous les ordres de : …( ?) du colonel Hoff
aux abris
Martin. Toutes ces compagnies furent plus ou moins engagées
dans
des actions diverses et locales.
Pertes Officiers :
5
tués : Lieutenant colonel Servagnat, A major Boulard, Lt
Arnaud, S/Lt Gaillard, S/Lt Martin
3 blessés : Cdt
Mercier, Lt Montagnier, S/Lt Vetu
5 disparus : Lt Delany,
S/Lts Mannin, Piolet, Judou, Dubois
Pertes Hommes de
Troupe : 60 tués, 150 blessés, 240 disparus