Ce
cavalier qui se frotte l'oeil
est le centurion romain
du
calvaire de Senven-Léhart.
Il vient, selon la
légende, de recouvrer la vue.
Mais il a bien vu - et
ceci n'est pas une légende -
nos ancêtres
entrer à l'église
en de joyeuses ou tristes
circonstances.
Ah ! s'il pouvait parler !
Le 4
janvier
1711, alors qu’on l’attend peut-être pour
un peu plus tard, voici une nouvelle naissance, c’est un
garçon. Il fait nuit, c’est le dimanche soir, trop
tard en cette saison pour se mettre en quête d’un
parrain et d’une marraine. On attend toujours en effet que la
naissance ait eu lieu pour les demander. Mais de bonne heure le
lendemain matin, Guillaume, le père, se met en chemin pour
Kerfellec, autre village de Léhart à un quart de
lieue de Kerscouarhat. C’est là qu’habite
Gilles Fol, il sera le parrain du nouveau-né. Tous deux se
dirigent ensuite vers la trêve toute proche de Saint-Connan en
empruntant le chemin qui, de moulin en moulin, longe le Trieux. Anne
L’Hyoutte chez qui ils se rendent accepte bien sûr
d’être la marraine.
Le trio repasse par Kerscouarhat, Marie Cadoret confie son bébé emmailloté à la marraine qui le met bien au chaud sous sa cape et sans plus attendre on se rend au bourg pour le baptême. L'enfant s’appellera Gilles comme son parrain. Les cloches sonnent à toute volée pendant que l’eau du baptême coule sur le front du nouveau-né ; c’est la coutume pour les gens du bourg de se charger de faire retentir ce joyeux carillon. Après avoir jeté quelques liards aux enfants qui se bousculent à la porte de l’église, Guillaume, le parrain et la marraine – qui porte toujours le petit Gilles – entrent à l’auberge où l’hoste débite vin et autres viatiques. Une omelette au beurre leur permet de reprendre des forces avant de regagner Kerscouarhat où Marie Cadoret attend son petit.
Malheureusement
Gilles meurt un an plus tard, le 24 janvier 1712. Le prêtre
note au registre paroissial : « Ont
participé au convoy Guillaume Fol et Marie Cadorette ses
père et mère, Hervé Le Roy et Yves Le Cocguen
». Ces deux derniers sont des voisins de Kerscouarhat.
La
vie continue cependant. Le 19 décembre 1712 Marie Cadoret
accouche d’une fille qui sera prénommée
Marie. Son parrain est Olivier Le Cozléer de Kerscouarhat et
la marraine Philippette Meurou, la toute jeune femme de Jean Pezron le
meunier du moulin du Trieux. Ils viennent de se marier le 1er juin
précédent.
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