Grand émoi autour de l’église de Léhart en ce dimanche 8 juillet 1714 ; chacun commente à sa façon les événements de l’avant dernière nuit : l’abbaye de Coëtmaloën, située à moins d’une lieue du bourg de Léhart, a été une nouvelle fois attaquée par les paysans des alentours.
Ci-contre, un détail du porche de l'église abbatiale.
L’abbé commendataire et les moines les considèrent comme leurs vassaux et exigent d’eux à ce titre le versement de rentes convenancières et des corvées. Les paysans, eux, se considèrent « être à fief amorti et veulent se soustraire à ce titre de domaniers congéables et disent posséder leurs terres à titre d’héritage ». (A.D. Côtes-d'Armor, H 304 : Mémoire pour l’abbaye de Coëtmaloën - Année 1742)
Ces séditions, qui annoncent déjà la révolution, la nuit du 4 août 1789 et l’abolition des privilèges, éclatent périodiquement depuis 1661. Cette fois, les paysans - le terme de paysan n’est pas employé à cette époque, les laboureurs qui occupent un domaine congéable sont désignés sous le nom de colons ou de domaniers - ont incendié les archives pour effacer toute trace de leurs soi-disant retards de paiement. Un certain Galopin, qui a assuré pendant trente ans les fonctions de procureur fiscal de la juridiction de Coëtmaloën, est soupçonné d’avoir changé de camp et d’être le meneur des vassaux révoltés auteurs de l’incendie.
Quelques semaines plus tard, l’évêque de Quimper demande aux recteurs de quatorze paroisses voisines de l’abbaye d’excommunier les auteurs de l’incendie. Son monitoire du 29 août devra être lu en chaire trois dimanches ou jours de fête consécutifs. Les recteurs obéissent-ils ? Peut-être, mais eux-mêmes ne manquent pas l’occasion de s’opposer aux moines de Coëtmaloën, tel François Provot, recteur de Saint-Gilles-Pligeaux en 1683. Le bas clergé breton, qui partage de très près la vie des paroissiens, n’oublie généralement pas ses origines paysannes.
Mardi 7 août 1725 - Guillaume Le
Cozléer le jeune, fils de Alain et Marguerite Chevance,
reçoit pour cinq ans la charge de greffier de la juridiction
abbatiale de Coëtmaloën. Cela lui en coûte
90 livres par an. L’acte est signé de Claude Jouan,
notaire. Guillaume Le Cozléer et Claude Jouan habitent tous
deux Kerscouarhat. Leurs deux familles sont des relations proches de
Guillaume Fol et Marie Cadoret. Peut-être est-ce Claude Jouan,
déjà implanté dans
l’administration de la juridiction de
Coëtmaloën, qui a appuyé la candidature de
Guillaume Le Cozléer...